Bulletin des arts

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La notion d'« autochtonie » dans les arts

La notion d'« autochtonie » dans les arts


Le Département d'histoire de l'art lance un appel à contribution sur la notion d'« autochtonie » dans les arts pour la revue intitulée Captures. La création autochtone littéraire et visuelle est en ébullition depuis le début des années 2010. Un des aspects les plus marquants de ce dynamisme artistique est l’affirmation des artistes autochtones sur la scène internationale. Mais que signifie être un artiste « autochtone » au XXIe siècle ? Force est de reconnaître que la notion d’« autochtonie », qui renvoie à la fois à des dimensions culturelles, géopolitiques et historiques, fait l’objet d’importants débats parmi les artistes et les théoriciens autochtones et allochtones.

On constate tout d'abord qu'il n'existe aucune définition officielle de l'autochtonie, seulement des critères communs aux différents peuples autochtones (l'occupation ancestrale du territoire, la marginalisation au sein de la culture majoritaire, la continuité culturelle et linguistique, le sentiment d'appartenance). Les institutions internationales (Nations Unies, Organisation internationale du travail) ne souhaitent pas proposer une définition trop rigide de l'autochtonie afin de respecter la diversité des peuples autochtones à l'échelle planétaire. Dans le domaine de l'art et de la littérature, les choses varient grandement d'un pays à un autre. Au Canada et au Québec, les institutions artistiques s'en tiennent à une définition souple de l'autochtonie qui accorde une large place au critère d'auto-identification. Aux États-Unis, par contre, l'Indian Arts and Crafts Act exige depuis 1990 de faire la preuve d'une ascendance autochtone reconnue par l'État américain pour pouvoir exposer en tant qu' « Indian Artist ».

Au-delà des questions de lignage, l'usage du terme autochtone continue de susciter des débats dans la sphère artistique et littéraire. Certains chercheurs rejettent purement et simplement cette notion qui renvoie selon eux à un essentialisme racialiste. D'autres, s'interrogent sur la pertinence d'accoler encore le qualificatif « autochtone » à des auteurs et des artistes contemporains dont l'œuvre, reconnue internationalement, n'est en aucune façon réductible à leur identité culturelle. À l'opposé de ces positions critiques et dubitatives, plusieurs jugent que l'essentialisme qui sous-tend la notion est nécessaire pour résister à l'acculturation néocoloniale. Dans le sillage de ces débats, artistes et théoriciens autochtones et allochtones débattent de la pertinence d'utiliser certaines notions alternatives plus aptes à faire ressortir la dimension contemporaine de la création autochtone : indigène, « post-indien », aborigène, native...

Ce numéro de Captures, qui sera composé de contributions de théoriciens, d'artistes et d'auteurs autochtones et allochtones, aura pour objectif d'éclairer les débats actuels entourant la notion d'« autochtonie » dans le champ des arts visuels et de la littérature. Les différentes contributions pourront prendre la forme de textes théoriques, d'études de cas consacrées à des œuvres ou à des événements artistiques ou encore d'entretiens. Elles rendront également compte de la nouvelle effervescence de la création autochtone contemporaine. Le numéro paraîtra dans le courant du printemps 2018.

Date limite : jeudi 15 septembre 2016
Résumé de 250 mots, ainsi qu'un court curriculum vitae Articles inédits d'un maximum de 6000 mots, notes incluses
Envoyer à : uzel.jean-philippe@uqam.ca